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Expert comptable Toulon :Congé maternité : Dispositif légal de rattrapage

Publié le : 24 Octobre , 2024
Expert comptable Toulon :Congé maternité : Dispositif légal de rattrapage
24Oct

Congé maternité : le dispositif légal de rattrapage salarial ne s'applique qu'à l'issue du congé

Sauf accord collectif plus favorable, une salariée en congé de maternité ne bénéficie pas du dispositif légal de garantie d'évolution salariale qu'à l'issue de ce congé.

Par un arrêt du 2 octobre 2024, la Cour de cassation se prononce sur l'application du  dispositif légal de garantie d'évolution salariale  prévu au bénéfice des salariées reprenant le travail après un congé de maternité.

Un dispositif visant à neutraliser les conséquences financières du congé maternité

Ce dispositif, instauré par la loi 2006-340 du 23 mars 2006, est inscrit à l'article L 1225-26 du Code du travail. Il vise à neutraliser les conséquences financières pour la salariée du congé de maternité. Il s'applique dans les conditions définies par un  accord collectif de branche ou d'entreprise conclu à compter du 25 mars 2006 et au moins aussi favorables que le dispositif légal. À défaut, ce sont les modalités fixées par la loi qui s'appliquent.

Le dispositif prévu par l'article L 1225-26 consiste à majorer la rémunération de la salariée des augmentations  générales ainsi que de la moyenne des augmentations individuelles perçues pendant la durée du congé de maternité par les salariés relevant de la même catégorie professionnelle  ou, à défaut, de la moyenne des augmentations individuelles dans l'entreprise.

Dans cette affaire, en l'absence d'accord collectif applicable, les juges étaient saisis d'un litige relatif à l'application du dispositif légal.

Une augmentation générale accordée pendant le congé de maternité

En l'espèce, la salariée, estimant avoir été privée pendant son congé de maternité d'une  augmentation de salaire  de 300 € accordée à l'ensemble des salariés dès février 2015, saisiet la juridiction prud'homale afin de demander le paiement d' un  rappel de salaire  au titre de l' égalité de traitement  et des  dommages-intérêts  en réparation du préjudice résultant d'une  discrimination en raison de sa maternité . Elle reproche en effet à son employeur de ne pas l'avoir augmentée de 300 € pendant son congé de maternité, comme il le lui avait promis, et de ne lui avoir accordé cette augmentation qu'à l'émission de son congé de maternité.

La cour d'appel la déboute de sa demande. Elle retient que l' augmentation  de 300 € par mois promis par l'employeur lui a été accordée  à l'émission de son congé de maternité , ce qui contredit son accusation d'inégalité salariale ou de discrimination en raison de sa maternité.

Une application stricte de la loi

La Cour de cassation  approuve  les juges du fond d'avoir débouté la salariée de ses demandes. Après avoir rappelé les termes de l'article L 1225-26 du Code du travail, la Haute Juridiction en déduit que, sauf accord collectif plus favorable, la majoration de la rémunération de la salariée qui en résulte n'est  pas due pour la période du congé de maternité , pendant lequel le contrat de travail est suspendu. L'employeur n'est tenu de la verser qu'à l'émission de ce congé et pour la période postérieure à celui-ci.

A noter :

La Cour de cassation, qui fait ici une  application stricte  des dispositions de l'article L 1225-26 du Code du travail qui sont d'ordre public (Cass. soc. 14-2-2018 n° 16-25.323 FS-PB : FRS 6/18 inf. 4 p. 7),  rejoint  la  position  retenue par l' administration  dans une circulaire du 19 avril 2007 concernant l'application de la loi 2006-340 du 23 mars 2006 relative à l'égalité entre les femmes et les hommes. Selon la circulaire, le rattrapage salarial est dû à compter du retour de la personne salariée dans l'entreprise après son congé de maternité ou d'adoption et doit être versé à la suite de ce congé. Lorsque la personne salariée concernée enchaîne un congé de maternité puis un  congé parental d'éducation , ce n'est qu'à son retour dans l'entreprise que le rattrapage salarial pourra être appliqué. La question reste toutefois en suspens lorsque la salariée enchaîne un congé de maternité puis des  congés payés .

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